L'alyah prise en otage?!

C'est un peu l'affaire de la semaine : l'alyah victime collatérale d'un conflit qui oppose les employés du ministères de affaires étrangères au gouvernement.

Alors pour ceux qui ne sont pas au courant, c'est très simple, en guise de rétorsion pour l'enlisement des négociations : une grève frappe depuis mercredi dernier tous les services consulaires de part le monde. 

En pratique, cela veut dire qu'aucun visa ne peut être délivré et bien sûr cela a un impact direct sur l'alyah. 

Chroniques d'une Alyah bloqué

Très rapidement, la toile qui s'empare du phénomène et les réactions fusent de toute parts. Morton Klein, président de l'organisation Sioniste américaine déclare que "c'est le plus antipatriotique et antisioniste qui puisse être" et d'ajouter que "les ennemies d'Israël doivent être aux anges". Sur les forums rapidement on trouve toute une série de réactions. 

Chacun y va de son commentaire et de nombreuses voix alarmistes se font entendre… Selon certain, cette grève pourrait contraindre des Olims à différer leur départ.

Aussi, le directeur de l'Alyah Yehuda Sharf déplore que des Olims subissent des dommages financiers. Il affirme en effet, que certains ont déjà mis en vente leur bien immobilier ou se sont engagés à quitter leur logement à  une certaine date. D'autres ont déjà pris leur dispositions concernant un emploi, le début d'une formation, d'une scolarisation…

Dans son édition en anglais, le Jerusalem Post cite en exemple le cas de Zack Pyzer, un londonien qui s'inquiète de ne pas avoir son visa qui selon lui pourrait avoir des conséquences importantes. En effet, il lui aurait été signifié que son Oulpan n'accepte des retards que de quelques jours maximums et qu'en conséquence, s'il ne peut faire son alyah  à temps, il serait contraint de la retarder de : SIX MOIS! 

Et Pyzer d'enfoncer le clou en disant que nombreux sont ceux qui pourraient avoir à retarder leur Alyah d'un an ou plus. Pour appuyer son propos il avance que les chiffres officiels font états de 200 personnes en attente de visa à partir de la France… 

Contacté sur twitter, Zack n'est à ce jour (1er juillet 2013) pas plus avancé qu'il y a une semaine : "la grève a toujours court, je cherche encore le moyen de contourner le problème…".

De son côté, l'Agence Juive déplore la situation et tente l'apaisement, notamment en appelant les uns et les autres à ne pas jeter de l'huile sur le feu. A en croire son personnel, il y a bien plus de fumée que de feu : "c'est la grève des consulats mais là vous faites rentrer en lahatz (en stress) des olim pour rien!" ai-je pu notamment lire en réaction à un article alarmant. 

Quelles conséquences pour les Olims?

Présenté comme ça, on pourrait en effet croire que tous les Olims sont bloqués et que nous sommes face à une crise d'une ampleur sans précédant. Pourtant, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, "chaque dossier est différent" clame-t-on à l'agence Juive. 

Et c'est vrai! Tout d'abord, parce que ne sont concernés que ceux qui sont en attente de visa, pas ceux qui l'ont déjà obtenu ; au moment où je vous écrie, il y a des Olim qui montent. De même, on peut supposer qu'une solution sera trouvée dans les prochains jours ou semaines… on imagine mal que l'agence juive laisse les choses s'embourber.

Donc au final, il semble que la situation ne soit véritablement problématique que pour les seuls Olim dont le départ est prévu jusqu'à mi juillet. Autrement dit, on n'est pas dans de l'ingérable!

Mais pourquoi tant de  haine  bruit?!

Tout simplement parce que si on en croit le récit fait par Ido Begin sur JSS, on peut supputer que la Alyah, sujet emblématique entre tous permet aux acteurs de ce conflit d'étendre leur ébats dans la sphère publique. 

Oui, parce que ça fait plus de cinq mois que cette histoire est dans cartons et que les négociations nous la jouent "OSLO, me revoilà!". Bref, les grévistes en ont eu marre et je pense qu'ils ont délibérément voulu mettre le gouvernement à mal en perturbant les grandes Alyot d'été. 

Je dis ça sans juger… honnêtement je ne connais pas suffisament les tenants et aboutissants de l'histoire pour m'y risquer.  Cependant, je ne peux pas m'empêcher de penser que les équipes de négociations, des deux côtés, nous la jouent Bruce Willis dans le 5eme élément "mais où a-t-il appris à négocier?!", sauf que personne n'est Bruce Willis et que les Olims restent pris en otages!

Et au vu des derniers développements, je n'ai pas l'impression qu'on puisse s'attendre à un happy ending rapide. En effet, comme autre épreuve de force emblématique, les grévistes ont souhaité perturber la visite du premier ministre italien Enrico Letta. Mais c'était compter sans la détermination du gouvernement qui vient de twitter pour communiquer sur la bonne tenue de la rencontre…

Moi je dis, l'avantage c'est qu'on a vraiment le sentiment d'être au moyen-orient… et ça c'est déjà une bonne nouvelle 😉 

Et au final?

Au final, il est encore trop tôt pour pronostiquer quoi que ce soit quand au sort de tous ces valeureux Olim pris dans la tourmente. A priori je ne pense pas qu'on soit au niveau de la catastrophe humanitaire. 

Beaucoup de choses peuvent être arrangées simplement avec un peu de compréhension. Par exemple, je pense que les programmes d'Oulpan, formations, ou employeurs, peuvent sans trop de peine souffrir quelques jours/semaines de retards et accomoder comme ils le méritent des Olim qui franchissent dans les épreuves un des caps les plus importants dans leur vie…

Je croie aussi qu'il est possible de contourner le problème. Par exemple les Olim peuvent très bien monter avec un statut de touriste et régulariser leur situation auprès du ministère de l'intérieur. En faisant cela, ils ne perdraient aucun bénéfices de l'alyah en dehors du billet gratuit et des kilos supplémentaires pour le vol. Et comme je considère que ce n'est pas à eux de payer les pots cassés, je pense qu'il n'est pas inenvisageable que ces derniers se voient rembourser leur billet d'avion et les frais liés aux kilos supplémentaires, à posteriori. 

Pour en avoir discuté avec Zack, cette solution pourrait parfaitement convenir à de nombreux Olim. Nous avons d'ailleurs pris la liberté d'adresser un message à El Al et Arkia pour qu'elles y mettent un peu du leur, mais n'avons, oh surprise par encore eu de retour de leur part… Du côté de sources proches de l'agence juive, il semblerait que cette option ne soit malheureusement pas du tout à l'ordre du jour.  

Pour finir, je dois ajouter que dans le cadre de mes recherches, j'ai essayé de recueillir le témoignage de Olim qui seraient fortement dans la gêne du fait de ces grèves et je n'ai pu en recueillir aucun. C'est plutôt bon signe et j'émet l'hypothèse que la prise en charge de ces Olims par l'agence juive est suffisamment bonne pour qu'ils n'y trouvent rien à redire. 

Dans tous les cas, nous sommes face à une situation qu'il convient de surveiller. Rien d'alarmant aujourd'hui, mais il ne faut pas que cette situation s'éternise.