Le grand jour de mon rendez-vous individuel à l’Agence Juive est enfin arrivé. En tant que fille organisée, j”avais préparé une liste de questions longue comme le bras à poser à ma déléguée. Ma déléguée c’est la gentille personne de l’Agence Juive qui est en charge de mon dossier et qui va me suivre et me supporter jusqu’à ce que mort s’ensuive je parte en Israël. La mienne s’appelle Lara. Comme Lara Croft, sauf que elle, elle s’appelle Lara Ofir. Je glisse dans mon sac mon certificat de judaïcité, mon acte de naissance et celui de ma mère, mon chéquier (car on n’est jamais à l’abri), mes super photos d’identité (où je ressemble toujours à une terroriste) et je file place de Catalogne. Tout va bien se passer.
Passage obligatoire par la sécurité, je montre ma carte d’identité au monsieur qui me regarde avec méfiance (avec qui ?), je réponds à quelques questions. Il me demande au moins trois fois si je n’ai pas d’objets coupants sur moi. Non, je n’en ai pas, mais continue à me chauffer comme ça et je brise la vitre avec mon sac, comme ça tu verras qu’il ne contient pas de couteau. Je reste calme et vais déposer mes affaires dans un casier qui se ferme à clef. Je ne garde avec moi que les documents et mon carnet. Et la clef, bien sûr.
Après quelques minutes d’attente, ma déléguée vient me chercher et m’emmène dans son bureau. Elle est très sympa, elle m’explique plein de choses sur mon Alya. Je lui dis que je veux passer par le programme Etzion de Jérusalem. Elle me dit que c’est une bonne idée car c’est l’oulpan le plus sérieux. Tant mieux. Elle regarde un papier et me dit qu’il reste des places mais elle envoie quand même un message pour demander une confirmation. Elle me pose des question sur mes motivations, sur le métier que j’aimerai exercer quand j’aurai fini l’oulpan. Elle me donne des conseils, par exemple : au bout du troisième ou quatrième mois, je peux commencer à envoyer des CVs. C’est important de décrocher un maximum d’entretiens. OK. Elle me donne un petit fascicule avec tout ce que je dois savoir, elle me dit même que je peux connaître dès maintenant ma date de départ. Et l’heure aussi. Déjà ? Elle est incroyable, cette Lara, elle est encore plus forte que Madame Irma.
Sachant que l’oulpan commence le 15 janvier, je pars de Paris le 13 janvier à 14h45 à Charles de Gaulle (Maman, hors de question de détourner ce vol, tu m’entends ?). J’ai droit à trois valises de 23 kilos chacune, soit 69 kilos de bagages. Dans ma tête, je visualise tous les cosmétiques que renferme ma salle de bains et je me demande s’il me restera de la place pour les fringues. Je prendrai l’avion jusqu’à Tel Aviv. On viendra me chercher à l’aéroport, on me fera faire des papiers (j’aurai même le droit de changer de prénom si j’ai envie), on m’emmènera à Jérusalem, j’aurai deux petits jours pour me familiariser avec le centre et voilà. L’oulpan dure cinq mois, cinq jours par semaine et cinq heures par jour. Il me faudra du temps pour faire mes devoirs mais je pourrai trouver un petit boulot si je le veux, bien entendu. Histoire de mettre un peu d’huile dans le houmous.
Puis vient le moment de remplir les papiers. Je sors tout, très sûre et très fière de moi (sauf pour ma tête de djihadiste sur les photos)… jusqu’au moment où Lara me demande mon passeport. Mon quoi ? Eh oui, mon passeport. Cette petite chose nécessaire pour faire un visa. Comment ai-je pu l’oublier ? Quelle cruche. Lara est cool, elle me dit que je pourrai le lui apporter une prochaine fois, j’ai jusqu’au 13 décembre pour le lui remettre. J’ai un peu honte, j’avoue. Mais je repars en me jurant de revenir au plus vite.
Prochaine étape : le visa sur mon passeport et la confirmation que je suis admise à l’oulpan.
Moralité : toujours avoir sur soi 1) son extrait d’acte de naissance 2) son certificat de judaïcité 3) son passeport
Ah oui, et : 4) des neurones en bon état de marche. Mais pour ça, on repassera. Je vais en demander pour Hanoukah, je crois.
Retrouvez les autres étapes et péripéties de mon parcours pré-Alyah ICI !